L’espace constitue la matière première d’Anne ; l’espace du quotidien - rues, bords de route et jardins, halls d’immeubles, ou cuisines… - ou celui plus intime, qui nous habite.

Dans une démarche empirique, elle le remodèle, le refaçonne à sa matière jusqu’à ce que soudain émerge une cohérence d’ensemble, un fil conducteur. Cependant, pour Anne, une œuvre n’est jamais finie. Sans cesse elle évolue au fil des intuitions, des doutes ou des envies. L’objectif n’est pas l’art pictural mais bien la recherche expérimentale qui oblige à casser l’existant et lui donner une nouvelle façon d’être.  C’est en partageant sa démarche auprès de ses étudiants notamment que son travail prend encore plus de sens.

Après avoir défini une thématique, Anne conduit le travail de réflexion avec l’idée d’aider les gens à sortir d’un certain nombre de préjugés. « J’aime amener les gens à s’emparer des choses, qu’ils s’approprient les outils, les accompagner dans leurs expérimentations ».

Si l’artiste a conscience que les habitudes et réitérations sont nécessaires à la bonne marche du monde, au-delà d’une certaine limite elles deviennent mortifères. « L’artiste va refuser certaines formes pour en proposer d’autres ». C’est cet éclairage-là qu’Anne propose d’explorer avec le public.

 « Ce qui m’intéresse c’est réussir à créer des ponts entre les désirs des gens, leurs intuitions, leurs représentations de ce qu’ils sont eux, leur représentation du monde, leurs peurs, leurs problématiques  et les outils que l’on  met à leur disposition. Une fois que la connexion est faite, on peut s’en aller et laisser la graine germer ».